Friday 8 January 2021

Une lettre d'adieu à 2020


Cher 2020, 

Adieu et bon débarras! 

Tu ne vas pas me manquer, mais cela ne veut pas dire que je n'ai rien appris de toi. 

Tu étais difficile, stressant, grossissant et frustrant. Tu étais plein de perte, de solitude, de conflit, de controverse et de drame. 

Tu as creusé un fossé entre beaucoup d'entre nous alors que nous avons exposé pleinement nos sentiments et nos opinions à ton sujet. Grâce à toi et avec un peu d'aide des médias sociaux, nous avons publiquement partagé nos points de vue sur la politique et la science, exposant souvent avec colère des pensées et des sentiments comme jamais auparavant avec des amis, des collègues et des connaissances.

Cependant, les gens apprennent beaucoup de l'adversité et je ne suis pas différente. Alors, qu'est-ce que tu m'as appris? Qu'ai-je accompli avec toi et grâce à toi? 

J'ai appris à ralentir. C'était l'une des leçons les plus difficiles pour moi. Au lieu de remplir chaque jour d'autant d'heures d'enseignement, de pratique, de planification, de publicité, de gestion et de courses que possible, j'ai fait de longues promenades et de longues pratiques de yoga, j'ai lu des livres et regardé des émissions et des films, j'ai cuisiné et jardiné et dépensé plus de temps avec ma famille et mes animaux de compagnie. Bien sûr, j'ai travaillé aussi, adaptant mon entreprise à la nouvelle réalité au fur et à mesure qu'elle se déroulait et évoluait du mieux que je pouvais, mais même avec un enseignement en ligne (et un retour bref mais tellement bienvenue à l'enseignement en personne) et en gérant la tâche de garder notre école de tango à flot (rester en contact avec nos danseurs et chercher de l'aide financière) le rythme de ma vie quotidienne a considérablement baissé. Ralentir n'est pas facile pour quelqu'un comme moi qui a besoin de se sentir constamment utile et productive, mais je sais que cela m'a fait du bien. (Maintenant, je me demande même comment je vais recommencer à travailler 10 à 12 heures par jour cinq ou souvent six jours par semaine le moment venu.) 

J'ai appris à être patiente et adaptable. En mars 2020, je n'avais jamais donné de cours en ligne. Neuf mois plus tard, j'en ai enseigné une centaine. En mars, je ne pouvais pas imaginer porter un masque chaque fois que j'allais dans un lieu public, sans parler d'enseigner ou de danser avec un. Maintenant, j'ai fait tout cela d'innombrables fois et je n'y pense presque plus. (Est-ce que j'aime ça? Bien sûr que non. Mais je préfère porter un masque et pouvoir socialiser un peu que de rester enfermée plus que je ne le suis.) Je me suis habituée à faire la queue, à donner de l'espace en passant des gens dans la rue et à m'abstenir de donner des câlins ou des bisous à mes amis. Notre famille s'est adaptée à l'étrangeté de l'année scolaire de notre fille et au fait que nous soyons tous à la maison et dans l'espace de l'autre, bien plus que jamais auparavant. 

J'ai appris à quel point les gens peuvent être généreux. Mon partenaire et moi avons été submergés par l'effusion de soutien pour notre école de tango, MonTango. Il y a eu tellement de messages d'encouragement et de dons financiers de notre communauté pendant cet arrêt presque total des activités de danse sociale. En mars, nous espérions rouvrir en mai, puis en juin, puis en juillet. Nous avons ouvert partiellement en juillet, mais c'était extrêmement limité et de courte durée. Nous avions l'espoir d'un retour à la normale pour janvier, mais nous voici le début de janvier, fermés plus complètement que jamais avec des chiffres de Covid pires que jamais. Qui sait quand nous rouvrirons du tout, sans parler de quelque manière que ce soit qui ressemble à «normal»? Nous n'aurions pas survécu aussi longtemps sans le soutien de nos amis, étudiants et danseurs et cette réalité nous rend humble et grandement reconnaissant. 

J'ai appris à apprécier les petites choses. Si rien d'autre, l'année dernière a été un rappel de prendre le temps de s'arrêter pour sentir les fleurs et de ne rien prendre pour acquis. Je me suis retrouvée régulièrement à sentir de la gratitude pour ma santé, mon contact humain, un repas savoureux, une conversation avec un cher ami, le beau temps, la nature, la capacité de marcher, la présence de ma famille et bien plus encore. 

J'ai appris à vivre le moment plus que jamais. J'ai toujours cru que c'était l'une de mes qualités, mais la dernière année m'a confirmé qu'il faut vraiment saisir chaque opportunité, car demain vous n'auriez peut-être pas la chance. La vie est courte, fragile et imprévisible. Donc je n'ai pas attendu quand j'avais besoin d'une coupe de cheveux ou d'un massage, quand j'ai eu la chance d'enseigner un cours ou de rendre visite à un ami en personne, quand un défi d'écriture de livres est arrivé, quand nous avons eu la chance de passer quelques jours au bord du lac ou dans les montagnes. 


J'ai appris à lâcher prise. De l'intolérance et du jugement sur les modes de pensée des autres; de la frustration face aux décisions du gouvernement; de l'impatience face à tout, de l'attente de la fin de cette pandémie à l'attente dans les files interminables des épiceries. Colère, frustration, inquiétude, impatience: ce sont des émotions naturelles, mais tellement improductives, voire contre-productives, c'est donc un bon exercice de les remarquer, d'éviter de trop s'en prendre à elles et de les laisser partir. 

J'ai appris l'acceptation. Semblable à la leçon précédente, celle-ci s'est manifestée en acceptant mes amis et ma famille à la fois malgré et à cause de nos divergences d'opinions ainsi qu'en acceptant la réalité du jour, aussi désagréable ou incroyable qu'elle soit. Tout cela contribue à nous garder ouverts d'esprit, flexibles et, en fin de compte, plus généreux.

J'ai appris de nouvelles compétences informatiques. Plus de temps libre signifiait du temps pour acquérir de nouvelles compétences. J'ai donc appris à utiliser un nouveau programme informatique pour le «DJing», ce que j'avais l'intention de faire depuis des années, et, comme le reste de la planète, j'ai appris à «Zoomer».

J'ai appris à cuisiner de nouveaux plats. Moi aussi, j'ai fait beaucoup de pain, sans parler des biscuits, des gâteaux et des tartes et j'ai essayé beaucoup de nouvelles recettes, certaines plus réussies que d'autres et beaucoup d'entre elles végétaliennes. Je suis végétarienne (et végétalienne occasionnelle) depuis plusieurs années. En fait, ce mois-ci, je rejoins le mouvement Veganuary, donc pas de produits d'origine animale pour les 31 prochains jours (et peut-être plus)!

J'ai réappris à écrire. Mon retour initial à l'écriture, après une interruption de dix ans, remonte à six ans en 2014, lorsque j'ai commencé à écrire ce blogue. En 2017, je me suis fixée l'objectif ambitieux d'écrire 20 articles en une seule année - et je l'ai accompli. Ensuite, mon écriture a de nouveau diminué pendant quelques années. L'année passée, j'ai publié huit nouveaux articles et plusieurs traductions. Puis, en novembre, j'ai rejoint le défi NaNoWriMo (National Novel Writing Month) et j'ai écrit 50 000 mots d'un roman en 30 jours. Une semaine et 20 000 mots plus tard, j'avais terminé mon premier brouillon et maintenant j'ai terminé ma première réécriture. Je ne sais pas si mon roman sera publié un jour, mais le terminer est un grand accomplissement d'un objectif de toute une vie, donc je suis fière de moi-même!

Alors, voilà, 2020, dix leçons précieuses que tu m'as apprises. Merci pour toutes et je ne t'oublierai sûrement jamais, mais il était vraiment grand temps pour nous de nous séparer.

Sincèrement,

Andrea

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