Pour obtenir une ronda qui circule aisément, il ne faut pas traiter les autres couples sur la piste comme des obstacles à éviter, mais comme une partie intégrante de notre danse. |
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En 2017 j'ai souligné mes 20 ans en tango en écrivant une série de 20 articles, ou leçons, que j’ai apprises au sujet et par l’intermédiaire de cette danse qui est un univers unique en soi, plein de traditions et de coutumes.
Leçon no 13 : Les códigos existent pour une bonne raison.
Chaque jour je crois de plus en plus fermement aux códigos du tango (ses codes de conduite), et j’en fait de plus en plus la promotion dans mon enseignement. La raison d’être de ces règles d’étiquette n’est pas de limiter ou de restreindre la liberté des gens ou leur plaisir, mais au contraire, d’assurer que tout le monde puisse passer un moment agréable.
En plus des règles universelles de courtoisie et de bonnes manières, il y a des règles qui s’appliquent spécifiquement à la danse sociale et même spécifiquement au tango argentin.
J’ai déjà écrit un long article sur ce sujet iI y a quelques années. Ceci est une version mise à jour qui, je l’espère, servira de guide aux débutants allant à leurs premières milongas et de rappel amical à ceux qui dansent depuis un certain temps.
TRAVERSER LA PISTE DE DANSE
Quand vous entrez dans une milonga ou que vous devez traverser d’un côté à l’autre de la salle, faites toujours le tour de la piste de danse, ne passez pas à travers.
LE SYSTÈME D’INVITATION PAR MIRADA-CABECEO
Je suis de plus en plus un ferme supporteur du système d’invitation par mirada-cabeceo. « Mirada » signifie « regard », « cabeceo » signifie « hochement de tête » et ensemble ils constituent le mode d’invitation non-verbal et traditionnel. C’est la méthode la plus largement acceptée d’inviter et de se faire inviter à danser le tango. Essentiellement, les guideurs et les guidées regardent directement la personne avec laquelle ils souhaitent danser en espérant que leurs regards se croisent. Ensuite, le guideur fait un hochement de tête en guise d’invitation et la guidée fait un signe de tête ou un sourire pour accepter.Ça vaut la peine de l’utiliser parce que ça marche.
En tant que guidée, cela signifie que vous n’êtes pas assises en attendant passivement d’être choisie par quiconque décide de marcher jusqu’à vous pour vous inviter. Et accepter ou non n’est plus un problème parce que c’est à vous d’établir un contact visuel afin d’inviter ou d’être invitée, et si vous n’avez pas envie de danser avec quelqu’un, vous n’établissez tout simplement pas de contact visuel. Pas besoin de refuser directement ou d’inventer des excuses. Je crois qu’en fait, cette technique donne du pouvoir aux femmes. Il y a encore des gens qui désapprouvent que les femmes fassent les invitations, mais avec le cabeceo, la ligne entre inviteur et invitée est brouillée. Après tout, si je veux danser avec lui, c’est à moi de le regarder dans les yeux… alors il fait un signe de tête et je souris, ou est-ce moi qui ai souris et lui qui a ensuite fait un signe de tête?
En tant que guideur, vous ne faites pas une demande directe en risquant un rejet direct ou le « oui » réticent de quelqu’un qui ne veut pas vraiment danser avec vous mais qui ne veut pas vous blesser.
Ce système signifie que chaque danse est un accord mutuel. Cela prend une subtile affirmation de soi qui n’est pas toujours facile pour les personnes timides, mais si vous maîtrisez cette technique, qui sait ce qu’il pourrait advenir? Par la même occasion vous pourriez surmonter un peu de votre timidité. Et le système mirada-cabeceo est affirmatif pour les deux parties. Vous devez regarder directement la personne avec laquelle vous souhaitez danser et il ou elle doit vous regarder directement. Ensuite, le signe de tête et on y va, nous ayant choisis l’un et l’autre.
Bien sûr que rien n’est infaillible. L’un des inconvénients est le risque de confusion. Lorsque la salle est grande, sombre ou bondée, il peut être difficile de savoir qui regarde qui. Lorsque quelqu’un fait un signe de tête en direction de votre table, il peut être difficile de discerner la cible. Si vous faites un signe de tête à quelqu’un et que la mauvaise personne accepte, la chose gentille et polie à faire est de danser la tanda avec votre partenaire imprévu/e, et espérer que la prochaine fois vous viserez mieux la cible.
Dans tous les cas, tout cet échange devrait se produire après le début de la tanda et non pendant la cortina (quoique vous pouvez vous sentir libre de planifier à l’avance et être prêt). Pourquoi? Parce que vous êtes censés choisir vos danseurs et la musique l’un en fonction de l’autre. Dans mon cas, j’aime bien danser le tango avec certains danseurs, mais pas les milongas rapides. Je réserve la plupart des valses pour quelques danseurs spécifiques et les Pugliese dramatiques à d’autres. Bien sûr qu’il y a des danseurs avec lesquels je danserais n’importe quoi avec plaisir, mon propre partenaire est l’un d’eux, mais ils sont des exceptions. La connexion est autant une question de musique que de la personne qui est dans vos bras, et lorsque les deux vont bien ensemble, ça peut être magique.
L’invitation verbale : Tout en encourageant l’utilisation du cabeceo, il y a des cas où il est tout à fait correct d’inviter quelqu’un verbalement. Si vous vous adonnez à être près de quelqu’un et souhaitez danser avec, il est tout à fait sensé d’utiliser des mots. Si vous êtes en conversation avec quelqu’un et une belle tanda se présente, bien sûr que vous lui demanderez verbalement.
Avec qui danser : En général, je n’évite pas ou ne refuse pas les gens en fonction de leur niveau d’habileté mais plutôt en fonction de leur attitude et de leur étiquette sur la piste de danse. Les guideurs que j’évite sont ceux qui me poussent, me tirent et me malmènent de telle sorte que je dois lutter à chaque seconde pour maintenir mon équilibre. J’essaie aussi de me tenir à l’écart de ceux qui font preuve d’un mépris total envers les autres danseurs sur la piste de danse. Les guideurs qui utilisent leur partenaire comme un bouclier ou une arme sur la piste de danse sont vraiment stressants parce que les guidées portent toute leur attention au-dessus de leur épaule tentant de faire le travail d’éviter les collisions. Aussi, les danseurs qui corrigent ou enseignent à leurs partenaires sur la piste de danse sont placés bien hauts sur ma liste de danseurs à éviter.
Comme danseurs avancés, si nous acceptons de danser avec quelques danseurs sans égard à leur niveau d’habileté, nous aiderons des débutants à améliorer leur danse. D’autre part, si nous rejetons sur la base des mauvais comportements, nous pourrions aider certains danseurs à se corriger.
Au plan de mon plaisir comme guidée, les qualités qui me feront chercher ou accepter des invitations sont : une connexion à moi, une attention aux déplacements et à la sécurité sur la piste de danse, et la musicalité. Les figures créatives et les mouvements amusants sont sur la liste, mais pas s’ils font obstacle aux éléments précédents.
Interrompre la danse d’un autre couple pour inviter : Non! Pas pendant une chanson, pas entre les chansons. C’est même mal vu d’attraper quelqu’un pendant la cortina alors qu’ils n’ont pas encore quitté la piste de danse après la tanda précédente. Vous n’êtes tout simplement pas supposé inviter quelqu’un qui est déjà sur la piste de danse.
Entrer sur la piste de danse : S’il-vous-plait, n’oubliez pas ce deuxième usage tout aussi important du cabeceo. Quand vous voulez entrer sur la piste de danse avec votre partenaire, vous devez avoir de la considération pour la circulation et éviter de couper devant le couple qui approche. À moins que vous ne puissiez entrer facilement sur la piste en disposant de plusieurs pas devant le couple qui approche, prenez le temps d’établir un contact visuel avec le guideur avant d’entrer sur la piste et attendez qu’il vous fasse signe que vous pouvez entrer. Quand vous dansez, soyez conscient des points d’entrée sur la piste de danse et permettez aux autres couples d’entrer.
SUR LA PISTE DE DANSE
Les tandas : Les tandas sont des séries de trois ou quatre chansons du même orchestre ou d’un style similaire. Les tandas sont séparées par des cortinas, de courts-extraits de musique qui ne sont pas de la musique de tango. Normalement, il est convenu que l’on danse une tanda complète avec le même partenaire. Être quitté avant la fin d’une tanda n’est pas agréable. Alors, à moins de circonstances exceptionnelles, rappelez-vous qu’une tanda ne dure que 9 à 12 minutes de votre vie. Même si c’est désagréable, vous pouvez probablement sourire et le supporter. Toutefois, il y a trois situations dans lesquelles il est acceptable d’arrêter de danser pendant une tanda : - Les deux partenaires s’étaient entendus avant de commencer à danser.
- Une blessure ou une autre urgence est survenue pendant la danse.
- Le partenaire est suffisamment impoli ou irrespectueux pour mériter d’être offensé ou embarrassé en étant abandonné au milieu d’une tanda.
Guidées, restez dans l’espace que votre partenaire vous crée et évitez de lever les pieds du sol à moins d’être certaine qu’il est sécuritaire de le faire. Ceci signifie que si vous dansez les yeux fermés, vous ne devriez pas lever les pieds derrière vous. D’autre part, si vos yeux sont ouverts, vous pouvez arrêter votre partenaire de faire un pas à reculons afin de prévenir une collision.
Moins de bavardage et plus de danse : Quiconque a lu mes articles sur le sujet sait que ceci est important pour moi : de grâce, évitez d’enseigner ou de corriger votre partenaire. Dansez au niveau de votre partenaire, et lorsque quelque chose ne fonctionne pas, essayez d’améliorer votre propre technique. Corriger est le travail des professeurs et devrait être limité aux heures de cours. En général, réservez la conversation aux moments où la musique est arrêtée. S’excuser à chaque faux-pas est presqu’aussi distrayant que les corrections. Et si vous voulez parler de la température ou de votre journée, allez vous asseoir au bar.
De la qualité, pas de la quantité : C’est la connexion qui compte. Limitez les grands mouvements, surtout lorsque la piste de danse est bondée. Et, une fois de plus, ne guidez pas ou n’exécutez pas de boleos aériens avant de vous être assuré qu’il y a amplement d’espace pour le faire.
Il a été dit que le tanguero qui danse trois heures de suite sans arrêt n’aime pas vraiment le tango, qu’il a juste besoin de bouger, alors qu’un « vrai » danseur choisit ses musiques et ses partenaires avec discernement, et comme mentionné précédemment, souvent en fonction l’un de l’autre. Je pense qu’il y a certainement place pour les deux types de danseurs dans toutes les milongas, mais essayez de ne pas devenir découragé ou amer si vous n’avez pas obtenu autant de tandas que vous espériez. Certaines soirées sont comme ça, et une seule merveilleuse tanda suffit parfois à faire votre soirée.
Pas de délits de fuite! Des accidents surviennent. Peu importe à qui la faute; il est tout simplement poli de s’excuser, de s’assurer que l’autre personne n’est pas blessée et d’être plus prudent la prochaine fois.
À PROPOS DE L'HYGIÈNE
J'ai ajouté cette section en mai 2020 lors du confinement global dû au COVID-19. J'étais en train de réviser cette traduction de mon article et j'ai décidé que c'était le moment opportun d'ajouter quelques paragraphes sur l'hygiène, car les choses comme le lavage des mains sont devenues plus importantes que jamais ces derniers mois.Je déteste que j’ai besoin de dire aux gens qu'il est important de faire des choses comme prendre une douche, se brosser les dents et porter du déodorant avant de se rendre au cours de tango ou à la milonga. Mais il y a encore des gens qui ne savent pas ou ne se préoccupent pas du fait que la mauvaise haleine et d’autres odeurs corporelles sont désagréables pour les partenaires de danse et pourraient très bien faire la différence entre une mirada et un regard détourné. Je déteste encore plus le fait que je doive dire aux gens de se laver les mains après être allé aux toilettes, mais je sais qu'il y a des femmes et des hommes qui ne le font pas; je l'ai vu de mes propres yeux.
À l'heure actuelle, alors qu'une pandémie fait rage sur la planète, le lavage et la désinfection des mains sont à la mode et pour une bonne raison. Des mains propres empêchent la propagation de toutes sortes d'infections et de maladies, pas seulement des coronavirus. Lorsqu'un jour, dans un avenir qui j’espère ne soit pas trop éloigné, nous pouvons à nouveau organiser des événements de tango social en direct, nous vous rappellerons non seulement de vous laver ou de vous désinfecter les mains après avoir utilisé les salles de bain, mais aussi lorsque vous entrez et sortez des locaux et entre chaque tanda. Et nous insisterons pour que vous restiez à la maison si vous avez des symptômes de rhume ou de grippe. Qui sait? Nous pourrions tous aussi porter des masques pour les premiers mois. Mais même un jour tant attendu où cette crise devient une chose du passé, j'espère que nous nous souviendrons tous de nous laver les mains souvent pour la sécurité de tous… et de nous rafraîchir régulièrement pour le confort de tous.
Si penser à tout ceci semble être beaucoup, ça l’est au début. Mais en pratique, ces codes et coutumes deviennent une part intégrante de votre danse, comme la marche, enlacer votre partenaire et suivre le rythme. Après tout, quand vous apprenez à conduire une voiture, opérer le véhicule est une petite part de l’ensemble. Sur la route, vous avez à suivre le flot de la circulation, être conscient et respectueux de tous les autres autour de vous et éviter les collisions. Ne devrait-il pas en être de même sur la piste de danse?
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