Tuesday 20 October 2020

Vingt leçons de tango : 20ième leçon : Le meilleur travail du monde

Être DJ n'est qu'un des bonus inattendus de mon travail.

Traduit par François Camus
Lire la version originale en anglais ici.

En 2017 j'ai souligné mes 20 ans en tango en écrivant une série de 20 articles, ou leçons, que j’ai apprises en 20 ans de tango. Voici le dernier volet.

Leçon no. 20 : J'ai le meilleur travail que je puisse avoir.

Quand j'étais petite, je voulais être actrice, danseuse et écrivaine. Le chemin de ma vie n'a pas été en ligne droite, et ce que je pensais que ces choses signifieraient était assez différent de ce qu'elles se sont avérées être. Mais près d'un demi-siècle plus tard, je me rends compte que le travail que j'ai aujourd’hui inclut toutes ces choses et plus encore.

Dans mon école de tango, je porte les chapeaux de professeur de danse, de propriétaire de studio, d'organisatrice de milonga, de danseuse de spectacle, de productrice de spectacle, de DJ et, bien sûr, de blogueuse. Tout cela signifie que je travaille assez dur la plupart du temps, mais comme j'aime ce que je fais, souvent cela ne me semble pas vraiment être du travail.

Comme je l'ai mentionné dans un article récent, faire affaire dans le domaine du tango n'est pas toujours facile. Mais je me considère chanceuse de faire ce que je fais, car mes journées sont remplies de plein de choses :

Danser. Comme je l'ai dit, j'ai toujours voulu être danseuse. J'ai suivi mon premier cours de ballet à l’âge de 4 ans, et même si j'ai abandonné le rêve de devenir ballerine puis délaissé complètement le ballet à la fin de l'adolescence, je n'ai pas arrêté de danser depuis. Le fait que je puisse danser tous les jours me garde heureuse et en bonne santé, corps et âme.

Enseigner. J'ai grandi avec une peur intense de parler en public et, dans ma jeunesse, je n'ai jamais, jamais imaginé que je deviendrais enseignante. J'ai commencé à enseigner grâce à ma précédente carrière en journalisme. J'étais la principale formatrice de la salle de rédaction sur les nouvelles technologies au journal où je travaillais, et pendant des années, j'ai donné un cours universitaire sur la conception de journaux. Au début, tout cela était terrifiant pour moi, mais j'ai appris à aimer enseigner et les gens n'arrêtaient pas de me dire que j'étais bonne dans ce domaine. L'enseignement est à la fois stimulant et gratifiant et je peux vraiment dire que cela me passionne. Une fois que j'ai commencé à enseigner le tango, eh bien, je savais vraiment que j'étais sur une piste.

Connecter avec des gens. Au-delà de la danse elle-même, c'est ce qu'est le tango. J'aime les gens, toutes sortes de gens et le tango regorge de relations humaines variées, souvent intenses, fascinantes et satisfaisantes.

Construire une communauté. Mon partenaire et moi n'avons pas forcément planifié cet aspect lorsque nous avons lancé notre petite école de tango, mais nous avons réalisé assez tôt que nous n'enseignions pas seulement aux gens à danser, nous construisions une communauté et nous facilitions donc la création de toutes sortes de relations. J'adore voir des amitiés et des partenariats se former autour de moi et en partie, grâce à moi.

Organiser des fêtes. Pendant mon adolescence et ma vingtaine, j'adorais organiser des fêtes. C'était assez simple pour moi : fournir une table pleine de nourriture, beaucoup de musique de danse bruyante et inviter tout le monde à qui je pouvais penser. J'ai adoré planifier la nourriture, préparer la musique et la liste des invités. Donc je suppose qu'il est parfaitement logique que j'aime animer et être DJ de milongas chaque week-end.

Produire des spectacles et exécuter des numéros. Si j'avais commencé le tango et m'y étais plongée à temps plein à un plus jeune âge, j'en aurais probablement fait davantage sur ce plan. Malgré ma timidité, j'adore faire des prestations et l’expérience de produire des spectacles, avec la créativité et l'excitation des coulisses, est absolument exaltante.

Être DJ. C'est un autre bonus inattendu de mon travail. Du mixage de cassettes aux CD en passant par les listes de lecture iTunes, j'ai toujours aimé assembler de la musique, que ce soit pour les sessions d’entraînement, écouter dans la voiture et surtout, faire danser les gens lors d'une fête. Maintenant, je passe des heures à chercher de la musique de tango, traditionnelle ou alternative, et à assembler des tandas.

Travailler pour moi-même. Encore une fois, pas toujours facile, mais tellement satisfaisant. Il serait difficile pour moi de retourner travailler pour quelqu'un d'autre à ce stade. Ce n'est pas que j'aime tellement être le patron, je ne pense pas du tout que je suis très boss, mais j'aime bien être mon propre patron.

Travailler sur moi-même. J'ai toujours été active. Le tango m'aide à rester en forme et mobile, consciente de ma posture et de l'effet que tout ce que je fais a sur mes partenaires. Mais il faut plus que du tango pour se maintenir en forme pour la danse et pour la vie. En plus de ma vie en danse, je cours régulièrement depuis 25 ans. (J’essaie toujours d'abandonner parce qu’avec tout le tango que je fais, c'est trop dur pour mes pieds meurtris. Mais c'est difficile d'y renoncer car je ne me sens tout simplement pas la même quand je n’ai pas fait cet intense effort cardio.), l'un des dérivés les plus marquants de ma carrière de tango a été la découverte du yoga. Je m’y suis mise il y a quelques années pour essayer d'augmenter ma flexibilité. J'ai rapidement gagné non seulement de la flexibilité, mais aussi une amélioration de ma force et de mon équilibre, une toute nouvelle compréhension de la posture, de l'alignement et de mon propre corps, ainsi qu’une nouvelle compréhension de moi-même. Depuis, je me suis plongée de plus en plus dans le yoga, explorant les aspects qui vont au-delà des poses physiques et obtenant plus tôt cette année, mon certificat d'enseignement.

Bloguer. Comme je l'ai dit, j'ai toujours voulu être écrivaine. L'anglais a été ma matière la plus forte et ma préférée au secondaire. Mes études postsecondaires étaient toutes liées aux langues et à la littérature. J'ai étudié la traduction pendant un certain temps et travaillé comme réviseur pendant plusieurs années. Pendant ce temps, j'ai écrit, mais rien de régulier. Il y a trois ans, j'ai réalisé qu'avec toutes mes observations sur le tango et toute la réflexion analytique que j'en faisais, je devrais probablement commencer à en écrire une partie. J'ai donc franchi le pas et écrit mon premier article de blog, et maintenant j'ai en fait une suite! Ce blog m'oblige à écrire régulièrement et les gens lisent mes trucs. Cool!

Être propriétaire d'une petite entreprise n'est pas toujours facile. Et parce que le business du tango me tient à cœur, il peut être aussi bien difficile émotionnellement que financièrement. Mais les récompenses de faire ce que j'aime compensent le fait que je travaille de longues heures tardives et que je ne gagne pas beaucoup d'argent.

Quand j'envisageais de quitter ma carrière pour démarrer une école de tango, ma mère et mon conseiller financier m'ont dit de ne pas le faire. J'avais de jeunes enfants, des avantages sociaux, un régime de retraite et des dettes. Ouvrir une petite école de danse alors que je poussais 40 ans n'était pas un choix judicieux. Alors je l'ai fait. Je ne pouvais ignorer les larmes que j'avais versées et le douloureux vide que j'avais ressenti dans mon estomac à l’idée de ne pas saisir ce qui était probablement la dernière opportunité de poursuivre les rêves de toute ma vie. J'avais le soutien total de mon partenaire et des réserves d’argent pour tenter de réussir pendant une année, alors nous nous sommes tenus la main et nous avons sauté, emmenant notre jeune famille avec nous.

Dans quelques mois, notre école de tango fêtera ses 10 ans. Aussi difficile et exigeant que cela ait été par moment, je n'ai jamais regretté d’avoir fait le saut il y a dix ans, mais je sais avec une certitude absolue que si je ne l'avais pas fait, je le regretterais chaque jour.

Quand je prépare des tandas pour une milonga à venir, que je ris avec les étudiants lorsque je les aide à exécuter un mouvement difficile ou que je me mêle aux danseurs d'une milonga que j'anime, je n'en reviens toujours pas de la chance que j’ai de faire ce que je fais.

La leçon avec laquelle je vous laisse est la suivante : si vous avez une passion, suivez-la. Et ne laissez pas la peur vous retenir.

Article précédent : Leçon no 19. Le tango est un voyage de découverte de soi.
Lire la série depuis le début.


1 comment:

  1. Une très belle leçon de vie. Comme le dit cette série, la vie est un tango :-)

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