Monday 12 October 2020

Vingt leçons de tango : 19ième leçon : Apprendre à se connaître

La piste de danse de tango est l'un 
des rares endroits où je peux 
vraiment lâcher prise.
Traduit par François Camus
Lire la version originale en anglais ici.

En 2017 j'ai souligné mes 20 ans en tango en écrivant une série de 20 articles, ou leçons, que j’ai apprises par l’intermédiaire de cette danse, dont plusieurs sur moi-même.

Leçon n ° 19. Le tango est un voyage de découverte de soi. Tout comme nous en apprenons beaucoup sur les autres grâce à leur façon de danser, nous pouvons aussi en apprendre beaucoup sur nous-mêmes.

Étudier la danse, c'est autant développer une conscience que développer des compétences spécifiques. Nous découvrons nos corps en travaillant avec eux et nous nous découvrons nous-mêmes.

La conscience corporelle est la capacité de comprendre comment nos corps bougent et où ils se trouvent dans l'espace. Des disciplines physiques telles que la danse requièrent et améliorent notre proprioception, qui est le sens qui nous permet de contrôler les parties de notre corps sans les regarder.

La conscience de soi, c'est avoir une perception claire de notre personnalité, y compris nos forces, nos faiblesses, nos pensées, nos croyances, nos motivations et nos émotions, puis d’en prendre le contrôle. Le tango peut également nous aider à développer cette compréhension.

Donc, pour progresser en tango, nous devons savoir non seulement quelles sont nos forces, faiblesses et tendances physiques, mais aussi nos forces psycho-émotionnelles: suis-je réceptif? Réactif? Défensif? Passif? Impatient? Est-il facile pour moi de m'affirmer? De lâcher prise?

Voici quelques-unes des choses que j'ai apprises ou confirmées sur moi-même au fil des ans, avec un peu d'aide du tango :
  • J'aime l'intensité. Je suis convaincue que c'est l'une des principales qualités qui m'attire dans le tango. Pas vraiment une personne du genre tiède, j'aime la nourriture riche, le café fort, le vin corsé, les films d'horreur, la musique forte, les douches chaudes et les entraînements exigeants. J'aime aussi les relations humaines intenses : je ne suis pas passionnée par les petites conversations, j'aime la conversation profonde, ou une tanda profondément connectée. Les danseurs de tango sont un groupe très éclectique et je me suis souvent demandée si l'un des fils communs qui nous lient ensemble est un désir de sensations ou de connexions intenses.
  • Le tango me permet de lâcher prise. C'est l'un des autres principaux intérêts de la danse pour moi. La paix de l’esprit ne me vient pas facilement. Je suis une personne occupée dont le cerveau occupé peut me tenir éveillée la nuit pendant des heures. Je m'inquiète et je stresse … jusqu'à ce que j'arrive sur la piste de danse, où la musique, le mouvement et le contact humain se combinent pour constituer ma grande évasion. Sur la piste, dans les bras d'un danseur, au rythme d'une belle musique, tout disparaît sauf l'ici et maintenant. Non seulement est-ce totalement agréable, mais c'est aussi, je crois, extrêmement thérapeutique.
  • Je vais avec le courant. J'ai toujours aimé les surprises et je suis tout à fait capable de prendre la situation qui m'est donnée et de courir avec. Je roule avec les coups, pour ainsi dire. Cela fait de moi une guidée naturelle, car je ne pense pas trop à ce qui se passe et je suis assez douée pour accepter ce qui vient, aussi inattendu que ce soit. Je pense que tout cela fait de moi un guideur patient, car je ne suis pas trop attachée au passé ou au plan pré-établit.
  • Je peux être un guideur patient, mais il m'a fallu du temps pour prendre confiance. Comme je l'ai mentionné dans mon article de blog sur l'affirmation de soi, il est important d'avoir des intentions claires, dans la vie et dans le tango. Sachez ce que vous voulez, dites ce que vous voulez, poursuivez ce que vous voulez. Aucune de ces compétences ne me vient naturellement, mais le tango et l'enseignement m'ont aidé à les développer. De plus, je suis allée chercher ce que je voulais quand mon partenaire et moi avons ouvert notre école, MonTango, il y a dix ans, et elle est depuis devenue l'un des principaux lieux de tango de la ville. Cela m'a appris que les rêves valent la peine d'être poursuivis.
  •  Je ne m'intègre pas toujours. Je pense que l'une des raisons pour lesquelles j'aime être l'hôte, le professeur, le DJ est que, si je ne suis qu'une participante, je me sens parfois un peu inadaptée. Et j'ai toujours ressenti cela : tout au long de mon parcours scolaire et dans ma carrière précédente, je n'ai jamais fait partie du groupe "in" ou de la clique cool. Je n'ai jamais su faire semblant d'être comme tout le monde, d’agir d'une certaine manière ou de dire les « bonnes » choses pour faire partie du « bon » groupe. Ne vous méprenez pas : j'avais des amis, un petit groupe d’amis très proches, et je m'entendais toujours avec la plupart des gens; bien qu’étant un peu à l’extérieur, je n'ai jamais été une paria. Parfois, je me demande si ce n'est pas un autre fil conducteur du tango, dans ce monde il y a tant de personnages étranges (et merveilleux) qu'il ressemble parfois à une réunion d'inadaptés. Mais là encore, il y a des cliques dans le tango. Je n'en fais tout simplement pas partie et ils ne prospèrent pas dans mes milongas. Je pense que ce que j'ai compris, c'est que dans le tango comme dans la vie, je préfère toujours l'inclusivité à l'exclusivité.
  • Mes limites existent pour être repoussées. Parfois, je pense que j'aimerais vivre une vie plus simple et plus calme. Mais chaque fois que je cherche quelque chose de simple, je finis par aller plus loin que prévu. Cela est évident dans mon parcours dans le tango : non contente de danser, j'ai commencé à enseigner; non contente d'enseigner, j'ai ouvert ma propre école; non contente d'enseigner et de diriger une école, je joue et produit aussi des spectacles, DJ, blog… Et, bien sûr, j'ai continué ma propre formation en danse, en mouvement et en enseignement, prenant des leçons privées chaque fois que possible, apprenant à guider et obtenant une certification d’instructeur de fitness et maintenant d’instructeur de yoga. Je ne sais pas quelle sera ma prochaine grande étape, mais je sais qu'une fois que je serai à l'aise où je suis, je n'y resterai pas longtemps.
  • Je ne croirai jamais que je suis suffisante. Je pense que le désir continu d'apprendre, d'avancer et de grandir est une bonne chose, mais dans mon cas, c'est aussi un signe que dans tout ce que je fais je n'ai jamais l'impression d'en faire assez ou que je suis assez bonne. Par exemple, je ne serai jamais la danseuse que je veux être. C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Cela signifie que je suis parfois très abattue, surtout après avoir regardé ma performance. Mais cela signifie aussi que je me pousse plus fort à chaque fois et donc, je peux l'admettre, je m'améliore.
  • J'adore enseigner. Je n'ai peut-être pas l'impression de devenir la danseuse que je m'efforce d'être, mais je sais que je suis un bon professeur, et c'est parce que je suis aussi passionnée par l'enseignement que par la danse. Je pense que je suis un professeur deux fois meilleure (ou plus) que je ne l'étais quand j'ai commencé, et j'ai l'intention de continuer ma croissance. Toutes les leçons que j'ai mentionnées ici, et plus encore, m'ont appris à mieux enseigner aux autres.
Alors, qu'avez-vous appris à travers le tango? Cela vous a-t-il aidé à grandir et à évoluer en tant que personne et en tant que danseur? Cela vous a-t-il ouvert les yeux sur quelque chose que vous ne saviez déjà sur vous-même?

Prochain article : Leçon n° 20. J'ai le meilleur travail du monde.
Article précédent : Leçon no 18. Le tango peut être dur pour les couples.

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