Wolf et moi en 2005. |
Célébrant nos 20 ans en 2023. |
Ce mois-ci, le 25 juillet 2023 pour être exact, mon partenaire, Wolf, et moi avons célébré notre 20e anniversaire. N’étant pas officiellement mariés, nous n'avons pas d’anniversaire de mariage à célébrer, mais nous avons par contre un anniversaire de tango. Grâce à une vidéo mise en ligne il y a quelques années, nous savons que notre tout premier tango ensemble était précisément le vendredi 25 juillet 2003, nous marquons donc cette date comme notre anniversaire, même si ce n’est que quelques semaines plus tard que nous sommes devenus amoureux. (La vidéo est disponible ici. Le clip très court de nous est à exactement 4:49; cherchez le jeune homme en chemise blanche et la jeune femme en robe rouge.)
Au fil des ans, de nombreuses personnes ont demandé, se sont interrogées et ont spéculé sur la façon dont nous nous sommes rencontrés et comment nous avons commencé le tango, alors cette occasion mémorable semble être un bon moment pour raconter notre histoire.
J'ai suivi mon premier cours de tango en 1997 à Graffiti Tango, l'une des premières écoles de tango de Montréal, qui a fermé une couple d’années plus tard. Mes professeurs, des noms reconnaissables maintenant mais de nouveaux instructeurs à l'époque, étaient Mylène Pelletier et Mireille Painchaud. J'avais dansé le ballet pendant de nombreuses années, j'étais une passionnée de salsa et j'étais devenue curieuse du tango après un événement auquel j'avais assisté avec une amie. J'ai particulièrement aimé l'élégance de la danse et la façon dont les femmes s'habillaient, avec leurs jupes fendues, leurs bas noirs et leurs talons hauts. J'ai aussi apprécié les cours que j'ai suivis et j'aurais peut-être continué, mais j'avais un horaire de travail difficile qui ne coïncidait pas avec les sessions à venir, donc mon voyage dans le tango s'est terminé là pour le moment.
J'ai continué à travailler comme une folle - je faisais du soutien technique, de la formation et de la mise en page dans la salle de rédaction de The Montreal Gazette, j'avais commencé à écrire à la pige et j'enseignais un cours de mise en page au département de journalisme de l'Université Concordia. La plupart de mes heures libres ont été passées dans des clubs de salsa, ce qui a mené à quelques prestations amateures ici et là, et j'ai aussi occasionnellement aidé en tant que partenaire substitut dans les cours de salsa qu'une de mes amies enseignait. En 1998, elle a commencé à louer un espace dans un studio de tango nouvellement ouvert, l'Académie de Tango Argentin sur Saint-Laurent près de Mont-Royal. Là, j'ai été présentée au propriétaire Santiago Gimenez, qui m'a encouragée à reprendre des cours de tango, et peu après à commencer à travailler avec lui en tant qu’assistant professeur. Et cette fois, je suis devenue accro. Les encouragements et la personnalité contagieuse de Santiago m'ont donné un goût et une passion pour tout ce qui était tango argentin : la danse, l'histoire, la musique et, bien sûr, les milongas.
Cette même année, j'ai pris un congé du travail et j'ai fait des réservations pour un voyage de six mois en Amérique du Sud qui devait se terminer par un séjour de deux mois à Buenos Aires. Mais la chance n'était pas de mon côté : la compagnie aérienne avec laquelle j'avais réservé tous mes vols a fait faillite pendant que j'étais au Venezuela, et aucune marche pénible autour de Caracas vers les bureaux des compagnies aériennes et les agences de voyages ne pouvait m'amener en Argentine sans payer un nouveau billet, ce qui était au-delà de mes moyens. Alors je suis retournée sur l'île de Margarita, j'ai dansé la salsa et fait la fête jusqu'à ce que j'aie dépensé l'argent qu'il me restait et que je suis rentrée à la maison.
Je suis retournée à la Gazette et à l'Académie, où j'ai recommencé à enseigner le tango et j'ai eu le privilège de prendre des cours avec le légendaire Carlos Gavito. Il était en tournée avec Forever Tango et a été invité par Santiago à donner des ateliers à plusieurs reprises. Cet été-là, Gavito est allé à Toronto (qui avait une petite communauté de tango par rapport à la nôtre à l'époque) pour donner une fin de semaine d'ateliers, et j'ai eu le privilège d'être invitée à l'assister. C'était un honneur et j'ai sauté sur l'occasion, même si j'étais loin d'être prête. La fin des années 90 a été une période très cool pour le tango à Montréal. Notre ville était considérée comme la capitale du tango en Amérique du Nord, il y avait déjà des milongas sept jours par semaine, et en plus de Gavito, nous avions des visites régulières de grands noms comme Pablo Verón, dont le film qui l’a rendu vedette, The Tango Lesson, venait de sortir et il faisait (et fait toujours) des visites régulières au Studio Tango, qui était au centre-ville sur la rue Bleury à l’époque.
Cet automne-là, j'ai rencontré quelqu'un et je suis tombée enceinte. Il est devenu clair assez rapidement qu'il n'était pas intéressé à être père, mais j'avais 30 ans, je voulais des enfants et j'ai décidé de garder le bébé, même si je savais que la relation ne durerait même pas le temps de la grossesse. En juillet suivant, mon fils est né, et en tant que mère célibataire avec une carrière exigeante, j'ai pensé qu'une fois de plus, mon voyage tango était probablement terminé.
Mais quelques mois plus tard, j’ai reçu un appel de Mylène Pelletier, qui avait pris la direction des cours à l'Académie, m'invitant à reprendre l'enseignement. Chanceuse d'avoir un frère et des parents prêts à garder mon fils, j'ai encore une fois sauté sur l'occasion et réintégré mon monde de tango bien-aimé. Gérer la maternité, ma carrière à la Gazette (à cette époque j’ai eu une promotion importante) et deux postes d'enseignement à temps partiel (Concordia et tango) ne laissait pas beaucoup de place à la danse salsa, c'est donc la chose qui a été à peu près abandonnée.
À l'été 2003, un ami du tango et chanteur qui s’appelle Stanley Colimon m'a demandé si je serais intéressée à danser avec lui lors d'une prestation musicale qu'il allait donner à La Tanguería. Il avait une chanson de tango dans son répertoire et avait besoin de deux danseuses pour danser avec lui pendant qu'il dansait et chantait «Pardonnez-moi si je vous aime», à propos d'un homme s'excusant d'être amoureux de plus d'une femme à la fois. Les danseuses étaient Laura Steinmander, propriétaire de la Tanguería, et moi-même.
Pendant une des répétitions, il y avait un gars dans le studio qui faisait du travail administratif sur l'ordinateur. Je le trouvais pas mal attirant et j'avais l’impression qu'il me regardait avec intérêt aussi. Ensuite, le soir de la représentation, ce même gars était là et pendant la partie milonga de la soirée, il m'a invité à danser. Je me souviens que je trouvais qu'il dansait bien et lorsque je lui ai demandé son nom et qu'il m'a répondu «Wolf», j'ai cru qu'il plaisantait et j'ai répondu «non, pour de vrai!». C'est plus d'une décennie plus tard que je suis tombée sur une vidéo en ligne de cette nuit qui a capturé non seulement cette toute première danse de Wolf et moi, mais aussi une partie de la démonstration avec Laura et Stanley.
Wolf (version raccourcie de Wolfgang) a été un peu insulté que je ne pensais pas qu’il m’avait donné son vrai nom, mais néanmoins, au cours des semaines suivantes, nos chemins ont continué à se croiser, parfois par accident et parfois à dessein, et après pas longtemps nous avons formé un couple. J'enseignais toujours des cours à l'Académie, où j'avais travaillé avec Caroline Demers et Luis López entre autres, et j'enseignais à nouveau avec Santiago, mais il était en train d'abandonner l'enseignement, alors j'ai demandé à Wolf, qui avait commencé à aider aux cours à La Tanguería, d'enseigner avec moi. Il a accepté et nous avons continué à donner des cours ensemble jusqu'à ce que je sois enceinte d'environ six mois de notre fille à la fin de 2004. Après cela, les cours ont cessé à l'Académie et une fois de plus j'ai pensé que mon séjour en tango était peut-être terminé. Non seulement deux enfants représentent plus de deux fois le travail d'un, mais il semblait que je n'avais plus d'école de tango où retourner.
Mais l'été après la naissance de notre fille, j'ai reçu un appel de mon ancienne amie et collègue Caroline. Elle venait d'ouvrir sa propre école, Tango Rico, à Chambly, et cherchait à agrandir son corps professoral. Wolf et moi nous sommes donc joints à son équipe pour quelques séances, puis avons également donné des cours que Mylène organisait à Montréal. Wolf, qui a une formation en conditionnement physique, avait commencé entre-temps à travailler au YMCA et il a lancé un cours de tango pour débutants au Y de Westmount.
En janvier 2007, nous avons loué un espace dans un studio de ballet de notre quartier, N.D.G., et avons lancé un autre groupe de débutants, suivi peu de temps après par un autre cours dans un autre espace, un autre soir, ainsi qu'une petite pratique. Nous avons commencé à nous rendre compte qu'il y avait de la place et de la demande pour le tango à N.D.G. et avons commencé à rêver assez fort d'ouvrir notre propre école, allant même jusqu'à enregistrer le nom de notre entreprise, MonTango, et à visiter quelques espaces commerciaux. Mais nous avions deux jeunes enfants (3 et 7 ans à l'époque), peu d'argent et j'avais une carrière solide que j'aimais avec un bon salaire et des bénéfices qui sont à peu près inédits de nos jours.
Donc, nos rêves sont restés exactement cela - jusqu'à l’automne suivant, lorsque la Gazette a annoncé qu'ils devaient supprimer 18 emplois dans la salle de rédaction et offriraient des forfaits de rachat volontaire avant de commencer à licencier des gens. Une fois de plus, nous avons commencé à rêver notre rêve de tango, mais cela semblait trop téméraire, trop irresponsable, trop impossible. Je n'ai donc pas fait de demande de rachat et le dernier jour, quand j'ai découvert que la collègue qui s’assoyait à côté de moi avait été approuvée, j'ai commencé à pleurer - non pas parce qu'elle partait, mais parce que je ne partais pas. Cette nuit-là, Wolf et moi avons eu un cœur à cœur très sérieux et avons décidé que j'irais voir le patron le lendemain et lui demanderais s'ils avaient encore besoin de se débarrasser de monde. Ils m’ont dit que oui.
Il a fallu 24 heures pour que ma demande soit approuvée. C'était en novembre 2007. J'ai travaillé mon dernier quart de travail en décembre, nous avons trouvé un local pour notre école en janvier et fin février 2008, nous donnions des cours dans notre propre studio de tango, MonTango. C'était irréel et incroyable, et nous l’avions fait contre l’avis de mes parents, de mon conseiller financier et d'autres. Nous étions pleinement conscients que l'échec était une grande possibilité, voire une probabilité. Mais nous étions persuadés que nous avions fait le bon choix. Si nous n'avions pas essayé, nous nous serions demandé «Et si?» et l'aurions regretté pour toujours.
Nous avons beaucoup grandi au fil des années, en tant que professeurs, danseurs, partenaires et personnes. Il y a trop d'histoires à raconter sur nos expériences et nos aventures dans tous les domaines : parentalité, affaires, enseignement, spectacles. Nous sommes finalement allés en Argentine il y a plusieurs années (et nous y retournerons l'année prochaine), nous avons étudié, suivi des formations et pratiqué énormément et nous avons enseigné et organisé d'innombrables cours, milongas et événements spéciaux, rencontrant un nombre incroyable de personnes en cours de route.
En cette année 2023, notre studio a fêté ses 15 ans et cette semaine, Wolf et moi célébrons 20 ans de tango - et d'amour - ensemble. Aucun des chemins n'a été droit ou facile et nous travaillons incroyablement fort pour que tout continue, mais à travers tout cela, malgré les obstacles, les frustrations, les blessures et, bien sûr, la pandémie, nous sommes incroyablement reconnaissants de pouvoir faire ce que nous aimons tous les jours et de le faire ensemble.
Maintenant que j'ai raconté notre histoire, je pensais commencer une nouvelle série d'articles sur certains des personnages intéressants qui composent la communauté du tango montréalais. Cherchez-en dans les semaines et les mois à venir, et si vous ou quelqu'un que vous connaissez avez une histoire de vie/tango intéressante à raconter, faites-le moi savoir!
Vous appréciez mon écriture? Consultez mon site Web d'auteur ici, avec des liens pour acheter mon livre de tango, 25 leçons de tango, ainsi que mon nouveau roman, The Curtain Lady.