Friday, 1 May 2015

Huit traits de personnalité qui feront de vous un meilleur danseur de tango



Traduit par André Valiquette
Read the original English version here.

Il est entendu que certaines aptitudes physiques facilitent l’apprentissage du tango (c’est vrai pour toutes les danses) : force, souplesse, équilibre, coordination, conscience corporelle, posture adéquate et sens du rythme, pour n’en nommer que quelques-unes.

Mais le tango se danse à deux, alors cela prend davantage qu’un port altier ou une démarche assurée pour devenir le danseur de tango qu’on s’arrache : il faut aussi acquérir des habiletés de communication interpersonnelle, qui ont plus à voir avec qui vous êtes qu’avec ce que vous pouvez accomplir.

Voici huit traits de personnalité qui vous permettront de devenir non seulement un meilleur danseur, mais aussi un partenaire extraordinaire.

Patience :

Nous savons tous que la patience est une vertu – et ce vieux dicton demeure vrai sur le plancher de danse. Nous devons d’abord être indulgents avec nous-mêmes si nous voulons apprendre à danser et le mettre en pratique. Le tango argentin est une danse exigeante qui demande beaucoup de concentration et d’entraînement. Je suis la première à dire que le tango est à la portée de tout le monde, mais nous pouvons apprendre de différentes façons et à différents rythmes, alors pour ceux qui se débattent avec cela (c’est-à-dire beaucoup de monde), l’impatience – et la frustration qui l’accompagne – est souvent une cause d’abandon.
Donc, ça ne fonctionnera pas si nos partenaires sont impatients avec nous. Ce qui veut dire qu’il nous faut être patients, pas seulement avec nous-mêmes, mais aussi avec nos partenaires. C’est un peu facile de blâmer l’autre pour les « erreurs » que l’on fait lorsqu’on danse. Avant de lâcher un soupir, rouler de gros yeux ou faire des petits commentaires agacés, nous devons nous rappeler que si nous sommes en apprentissage, ils le sont aussi.
Et c’est vrai pour chacun d’entre nous, depuis toujours. Bien sûr, c’est plus facile après dix ans qu’après dix semaines, mais nous n’avons jamais fini d’apprendre et de renforcer nos habiletés. La patience nous donne une capacité de laisser aller nos idées préconçues et de nous laisser porter par le moment présent, en passant par-dessus nos « erreurs » et celles de notre partenaire, des erreurs qui n’en étaient pas vraiment, tout juste des moments bien humains de manque dans la communication qui peuvent facilement se transformer en occasions de transformation et de créativité.
La patience va aussi nous aider à suivre la musique, et du même coup à en tirer davantage de plaisir, et d’accompagner la communauté des danseurs sur le plancher de danse plutôt que de prendre de la vitesse et de faire du slalom le long de notre ligne de danse en coupant les autres danseurs.

Confiance  :

Cette qualité n’est pas évidente, mais c’en est aussi une grande. Si nous voulons atteindre une connexion profonde, nous devons faire confiance à notre partenaire.
Pour les guides, cela signifie d’admettre que notre partenaire est capable non seulement de nous suivre, mais aussi de danser. Avoir confiance dans ces deux aspects entraîne que nous pourrons guider avec assurance et non avec hésitation, en étant clairs et en laissant notre partenaire chercher le contact avec nous et la musique. Également, si nous faisons confiance à notre partenaire, nous allons éviter l’erreur courante de « surguider ». Rappelez-vous, la responsabilité du guideur n’est pas d’amener son (ou sa) partenaire du Point A au Point B, mais de l’inviter et de lui permettre de faire ses pas.
Pour les guidées, nous devons faire confiance à notre partenaire pour guider quelque chose. Si je n’accorde pas ma confiance à mon guideur, je vais faire ce que je pense qu’il (ou elle) veut que je fasse plutôt que ce qui est vraiment guidé. Je n’ai pas besoin de savoir ce que mon leader est en train de penser, seulement ce qu’il est en train de faire. Donc, nous devons faire confiance à l’autre tout comme nous devons nous faire confiance. Si les leaders ont besoin de faire confiance aux guidées afin d’être clairs, ils ont aussi besoin d’avoir confiance en eux-mêmes, sinon, encore une fois, ils vont hésiter et transmettre cela à leur partenaire.
Pour les guidées, elles ont besoin de se faire confiance pour faire ce qu’elles ressentent et pour enchaîner un pas à la fois. Cela a l’air simple, mais trop de guidées se remettent en question constamment, se demandant, « Était-ce correct? » « C’était quoi ce mouvement qu’on vient de faire? » ou « Qu’est-ce qui s’en vient? ». Des questions inutiles à mesure qu’elles nous viennent à l’esprit. Aussitôt qu’un pas est amorcé, c’est joué et on ne peut revenir en arrière. Correct ou erroné, voulu ou non, ça ne sert à rien de vouloir en juger. Tout ce qu’un partenaire peut faire, c’est de poursuivre à partir de là, et c’est ce que le tango est censé être. Si on peut accepter cela, on va moins s’en faire et danser davantage.

Assurance :

Dans la même optique qui nous amène à nous faire confiance, l’assurance nous aidera à guider ou à suivre avec grâce et clarté et sans hésiter ou douter de nous-mêmes. Ce n’est pas toujours un trait de caractère facile à acquérir s’il ne s’affirme pas naturellement, mais cela peut venir avec le temps. Nous pouvons, évidemment, aider les autres danseurs à gagner de la confiance en eux en leur faisant confiance et en étant patients, entre autres. Et bien sûr, avec la pratique et un travail assidu vient une maîtrise grandissante de la danse, laquelle devrait mener à plus d’assurance. Lorsqu’on a conscience que l’on sait ce que l’on fait, cet état d’être se transmet à nos partenaires et les aide à nous faire confiance.
Mais nous n’avons pas besoin de beaucoup de vocabulaire ou d’années d’entraînement pour être capables de guider ou de suivre; c’est possible et encourageant d’élever son niveau de confiance à partir de la base qu’on a acquise. Les danseurs qui ont de l’assurance attirent plus de partenaires et, en retour, ils les aident à améliorer leurs capacités et à acquérir plus de confiance, ils gardent plus de partenaires réguliers, ainsi de suite.
Mais il faut distinguer la ligne de démarcation entre assurance et arrogance. Une véritable assurance à propos de ce que nous savons ne signifie pas que nous devrions croire que nous ne pouvons pas faire d’erreurs ou qu’on est meilleur que tout le monde.

Sens de l’humour :

Si nous voulons améliorer notre danse, nous devons nous y consacrer sérieusement, mais sans pour autant nous prendre trop au sérieux.
Le tango est une danse d’improvisation, donc cela ne va pas toujours selon le plan établi, et ça ne devrait d’ailleurs pas aller selon un plan établi.
Presque chaque danseur s’est déjà rendu coupable d’un mouvement d’impatience momentané envers son partenaire ou envers lui-même ou bien en s’excusant trop lorsque des « erreurs » sont faites. Plusieurs danseurs ont aussi la fâcheuse habitude de signaler chaque erreur ou d’expliquer ce qui aurait « dû » être fait.
Encore une fois, les erreurs, souvent, n’en sont pas, donc, elles n’ont pas besoin d’être mentionnées, normalement. Mais même lorsqu’une erreur de communication est flagrante et, sans conteste, maladroite, c’est du tango et on est censé le danser pour le plaisir, alors, pourquoi ne pas simplement en rire? Souriez, soyez indulgent envers votre partenaire, ne vous culpabilisez pas. Ainsi, tout le monde pourra relaxer et aller de l’avant plutôt que de repenser à des moments difficiles qui ont amené un inconfort qui pourrait perdurer lors de prochaines danses ou toute la soirée, qui autrement aurait pu bien se passer.

Passion :

C’est du tango, après tout. Il est assez rare de rester tiède vis-à-vis du tango si on s’accroche assez longtemps pour être capable de le danser. Il est communément admis que le tango est la plus complexe des danses de couple, à cause de sa position rapprochée, de son étreinte assez intime et de son caractère improvisé, alors nous avons besoin de lui consacrer pas mal de temps si nous voulons approcher un niveau relativement avancé. Une fois par semaine n’est pas assez, les leçons doivent êtres combinées avec des périodes de pratique et de danse en milongas, en fait six mois d’expérience ne sont rien. Alors, si nous avons envie de dépenser une part significative de notre temps et, oui, de notre budget dans le tango, c’est que cette activité nous passionne. Par ailleurs, la passion rehausse la qualité de notre danse au-delà de la maîtrise technique et d’un bon sens du rythme. Les spectateurs le captent et, naturellement, nos partenaires le ressentiront aussi.

Générosité : 

Les danseurs talentueux sont populaires, pour des raisons évidentes, et bien sûr, les danseurs jeunes et attirants aussi. Mais il y a un autre type de danseurs qui ont du succès : les danseurs sympathiques. Si je danse avec vous et que j’ai du plaisir, je vais sûrement chercher à répéter l’expérience, et mieux, je vais passer le mot. Beaucoup de facteurs peuvent contribuer à mon plaisir, parmi lesquels le niveau d’habileté et de sens de la musicalité, mais les danseurs qui donnent le plus de plaisir sont ceux qui font attention à leur partenaire. Si nous prenons soin de nos partenaires – en s’adaptant à leur niveau et en les faisant se sentir confortables avec leur performance, en ignorant les erreurs ou riant des petits faux pas, en n'utilisant pas les partenaires comme des boucliers ou des armes sur le plancher de danse – ils reviendront danser avec nous de nouveau. Les gens qui ont une attitude généreuse font passer les autres avant eux-mêmes; les danseurs de tango qui ont cette qualité font passer le plaisir de leur partenaire et leur bien-être avant le leur. Et cela leur est rendu, parce qu’un danseur qui rend ses partenaires heureux est à coup sûr un danseur heureux.

Une bonne capacité d’écoute : 

Dans la vie comme dans le tango, les meilleurs communicateurs sont des gens qui savent écouter. Les guidées se font expliquer dès le départ qu’elles doivent suivre - ou être à l’écoute - de leur partenaire. Cela vient naturellement à plusieurs d’entre elles, et pas si facilement à d’autres. Avec le temps, les guidées apprennent que leur rôle va bien au-delà de simplement suivre et qu’elles ont avantage à s’exprimer dans la danse. C’est là que le vrai plaisir commence, mais ceux qui l’apprennent dans cet ordre – écouter d’abord et ensuite s’exprimer – deviennent les meilleures. Ceux qui « parlent » trop et écoutent peu tendent à deviner et à anticiper et n’établissent pas cette connexion qui autrement serait si agréable à éprouver dans la danse.
Quant aux guides, ils ont appris à guider, mais ce que souvent ils ne voient pas est qu’ils ont aussi besoin de suivre. Le leader invite sa partenaire à faire un pas, la laisse s’engager dans ce mouvement et ensuite l’accompagne dans son déplacement, ou, en d’autres mots, lui permet de parler et écoute ce qu’elle a à dire. Dans ce sens, le leader s’assure de permettre à sa partenaire de compléter un mouvement avant de suggérer un nouveau pas. Que penser de ces leaders très contrôlants, qui font sentir aux guidées que leur rôle est passif? Ces guides sont ceux qui n’écoutent pas. Les leaders attentifs sont ceux qui permettent à leurs partenaires de s’exprimer, d’embellir la danse, et de contribuer à dessiner la musique. Ce sont ceux qui apportent le plus de plaisir et de bénéfices à leurs partenaires, qu’elles soient débutantes ou plus avancées.

Présence :

La présence, au sens physique, est essentielle pour les danseurs de tango. Un leader passif est difficile suivre, de même qu’une guidée passive sera ennuyante. Les danseurs font souvent allusion à la « résistance » ou à la « pression » qu’ils ressentent de leur partenaire. Je n’aime pas ces deux qualificatifs, car ils sous-entendent que, d’une certaine façon, nous bloquons ou poussons nos partenaires. À mon sens, le mot adéquat est plutôt « présence » qui traduit l’idée que nous devons être vigoureux dans notre danse, tout en recherchant un échange d’énergie avec notre partenaire.
Mais il y a un autre type de présence qui est très aidante pour les danseurs de tango, et c’est l’art de vivre pleinement et complètement le moment présent. Si on pense au prochain mouvement, en ajustant notre position vers ce mouvement attendu ou bien si nous nous jugeons nous-mêmes ainsi que notre partenaire, nous ne serons pas vraiment présents et notre connexion sera pauvre. L’une des choses que je préfère en tango est de m’abandonner à la danse, peut importe ce qui vient d’arriver ou ce qui suivra. J’irais même jusqu’à dire (et je ne suis pas la première à le dire) que j’entre dans un état méditatif quand je danse le tango argentin. Ceux qui on un don pour vivre le moment présent pourront se sentir plus facilement à l’aise dans le tango, et ceux pour qui ce n’est pas inné pourront y trouver une voie pour s’abandonner davantage.

Si vous avez certaines des qualités que nous venons de discuter, vous pourrez assimiler plusieurs dimensions du tango facilement. La bonne nouvelle, c’est que le tango vous permettra éventuellement de développer certaines de ces habiletés que vous ne possédez pas naturellement, mais qui vous seront utiles pour d’autres domaines de votre vie.

(Après tout, la vie est un tango, n’est-ce pas?)

1 comment:

  1. Merci , fort intéressant .je vais faire fructifier tout cela ..

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